Reviewed by lrhrissi
on 15/05/2014 10:00

« La laideur pour les femmes est un péché mortel »\r\n\r\nLe réalisateur du film « Séraphine » ayant remporté sept Césars en 2009, explore à nouveau la vie d’une femme blessée, rejetée, venant d’un milieu populaire et ne connaissant qu’un succès artistique tardif. Cette fois-ci, c’est l’histoire de la féministe Violette Leduc vue à travers sa relation avec la grande Simone De Beauvoir, qui l’aida à devenir l’écrivaine qu’elle devait être\r\n\r\nLe film débute lorsqu’elle commence à écrire son impopulaire premier roman « L’Asphyxie » en 1942 alors qu’elle vivait avec l’écrivain homosexuel Maurice Sachs qui la pousse à écrire sur sa propre vie ; il termine en 1964 avec le triomphe de son roman « La Bâtarde ». Violette est interprétée par Emmanuelle Devos pour qui le réalisateur a écrit le rôle et qui joue un duo parfait avec Sandrine Kimberlain dans la peau de De Beauvoir.\r\n\r\nMartin Provost réussi à montrer la complexité de cette femme qui, pendant toute sa vie, a été en quête de l’affection qu’elle n’a pas reçue de sa mère et qui s’est émancipé par la littérature. Le film est en fait un hommage à la littérature. En six chapitres, comme dans un roman, la caméra observe tous les évènements de la vie de l’héroïne qui participent à son émancipation en tant qu’écrivaine.\r\n\r\nQuittant la province pour Paris, Violette rencontre l’auteur de « L’Invitée » qui accepte de lire son roman. Après quoi elle commence à évoluer dans le cercle littéraire parisien de l’époque –Sartre, Camus, Genet- mais elle n’est toujours pas capable de vivre de son art et gagne sa vie grâce au marché noir. Elle est amoureuse de façon obsessive de Simone de Beauvoir, qui gardera toujours ses distances, et souffre de paranoïa. Mais le film est aussi une réflexion sur la littérature elle-même. Il questionne le fait que les jeunes auteurs de talent ne sont pas toujours les plus populaires et que la logique mercantile va souvent à l’encontre de la qualité dans le monde de l’édition.\r\n\r\nLui-même écrivain, Martin Provost accompli un film intimiste avec un budget modeste -5 millions d’euros- qui donne pourtant un aperçu remarquable du monde littéraire du le Paris de l’après-guerre. Aidé par deux actrices talentueuses, il parvient à nous communiquer la souffrance de Violette Leduc, une femme qui, malgré son incapacité à être heureuse, fourni les bases de l’autofiction et de l’écriture féministe.\r\n\r\nREALISATEUR: Alain Provost\r\n\r\nSCÉNARISTES: Martin Provost, Marc Abdelnour, René de Ceccatty